La recherche d’Henri-Fortune Poullot porta sur les rapports entre les ondes alpha, bêta et la musique, et en particulier la guitare électrique, son instrument de prédilection.
Voici la thèse de départ de Poullot :

 

Le cerveau émet de l’électricité.
Ma guitare a besoin d'électricité.
Je vais alimenter ma guitare avec mon cerveau.

 

Toutefois, Henri-Fortune eut un premier obstacle à résoudre : sa absence quasi totale d'activité cérébrale.
Mais ce handicap apparent, outre qu’il lui permit plus tard de faire une brillante carrière dans le foot puis la politique, lui offrit la possibilité de faire des tests nombreux sur les vides de son crâne, sans inhibition ni réticence (et pour cause).
le cerveau de Poullot est tellement vide que c’est un merveilleux cas d’école.

 

 

 

On voit ici clairement les espaces où auraient dû se remplir les lobes cérébraux. cliché Manfred Pumbert-Holz

 

En effet, l’exploration de son cerveau allait plus vite que chez tout le monde, et il faut dire que ce fut vite fait. Il fut capable en quelques heures, de parler à son cerveau reptilien, puis de découvrir l’étendue de son cerveau proto-sibaïque, (qu’il avait minuscule, mais alors mi nus cule), puis, en cherchant bien, il découvrit un embryon de cerveau pré-cartilagineux.

 

C'est tout.

 

Riez, riez, mais Poullot a tout de même été capable de stimuler la partie de son cerveau qui a donné le plus d’éléctricité, pour alimenter sa guitare.
Et c’est là que les découvertes commencèrent.

 

En s'adressant à son cerveau pré-cartilagineux, Henri-Fortune Poullot ne s'attendait pas à avoir une réponse. Ce cerveau lui servait exclusivement à des fins météorologiques, et se manifestait avec des signes très élémentaires.
- une échelle, munie de trois degrés : pluie, froid, chaud.
- Un signal à donner à la peau, qui devait l’envoyer au cerveau protosibaïque, lequel était en charge, le cas échéant, de former des images :


le contenu exhaustif du cerveau précartilagineux de Poullot : pluie, froid, chaud
source : Poullot-Congress research library, Washington (Poullot a racheté la Library of Congress et l'a rebaptisée).

 

Il y a toujours eu un doute quant à la combinaison possible du froid avec la pluie, du chaud avec la pluie, le cerveau de Poullot n'ayant pas assez de place pour composer des impressions.
Quelle ne fut donc sa surprise lorsque tendant bien l'oreille, il put distinguer dans les rues presque silencieuses des longues soirées d'été des chuchotements, des fragments de dialogue, de musique, qui sortaient de son cerveau pré-cartilagineux, et devenir de plus en plus précises au fur et à mesure qu’il marchait ; y revenaient fréquemment couinements, grincements de dents, accords malhabiles, polyphonies funèbres, symphonies triomphales d'Ulribe Fabroyuit et résonances improbables venues d'un autre âge. En particulier, Poullot entendait clairement ce léger roulement de "r" qui n'appartenait qu'à son grand-père, Henri-Fortune Poullot-Poullot.

 

 

 

Poullot cherchant à capter l’énergie de son cerveau proto-sibaïque pour alimenter sa guitare électrique.
photo Parabole

Dans un premier temps, Poullot n'en parla à personne, ayant peur de passer pour un fou, mais il nota soigneusement ce que le cerveau pré-cartilagineux lui disait, schématiquement. Ce cerveau fut rapidement suivi par les autres : reptilien, proto-amphibien, postérieur. Poullot découvrit donc de manière empirique que le cerveau est comme un oignon, et qu’on peut remonter très loin dans les vieux cerveaux primitifs. Il prit ainsi l'habitude de noter précisément les rires brusques qui lui parvenaient des percussions aiguës, des fumées de café, des arbres alignés et coupés au sommet, de l'acoustique des terrains de tennis abandonnés, des rythmes des coudes de rivière, (et tous les autres outils de transmissions des cerveaux anciens).
Dans sa fièvre d’expérimentation, il découvrit la lecture des journaux en retrograde (où il aperçut son cerveau futur) qui lui en apprit plus sur la marche du monde que les montres soigneuses et ridiculement petites que ses cerveaux-collègues croyaient déceler entre les rangées de fauteuils des bibliothèques (qui comme Poullot le savait, ne parlait que le langage du cerveau reptilien).

 

Finalement, il n’était pas plus bête qu’un autre.

 

Le succès

 

C'est plus tard, en cherchant à communiquer ces impressions à la population, (il s'était peu à peu convaincu de la nécessité pour l'humanité et les choses naturelles du monde, animaux, plantes, pierres, du caractère révélateur que possédaient les propos pourtant assez incohérent de son cerveau (comment eut-il pu en être autrement ?)) qu’Henri-Fortune utilisa pour la première fois un micro, qu'il pointa directement dans ses cavités auditives, afin d'y capter les moindres litanies, les progressions d'accords étranges qui ont fait sa légende, ses sanglots féminins étouffés par des passages rapides de rotors, et autres manifestations inespérées et toujours inattendues de ses cerveaux antérieurs.
Il put enfin réaliser son rêve, bien que d'une manière bien différente que ce qu'il avait imaginé d'abord : faire de la musique avec son cerveau.
Et on touche là le cœur du sujet : chacun des cerveaux émit des musiques différentes, sans que Poullot n’en tire aucune conclusion particulière. Il en vint ainsi à developer un répertoire spécifique par cerveau. Or ce que Cynthia Fos-Tirssin obtiendra par des moyens scientifiques, sûrs, Poullot le découvrit empiriquement : à savoir qu’à chaque cerveau correspond non seulement une phase différente de l'évolution biologique de l'homme, mais aussi une période de l’histoire de la musique. Il constata que les grandes phases de l’histoire humaine sont enfermées dans son crâne et qu’il suffisait de s'écouter pour les découvrir.

 

Les contingences matérielles obligèrent Poullot à en faire bientôt une profession, malgré ses réticences. Il défilait en costume de clown (queue de pie, nœud papillon, baguette à la main, l’air inspiré) dans des petites villes pluvieuses. Il pouvait en interrogeant les différentes couches de ses lobes cérébraux tenir une heure et demie devant un public debout. Inutile de dire que ses passages dans les campagnes avec sa carriole et ses guitares électriques branchées sur ses oreilles faisaient sensation, et ne manquaient pas de vider les casernes.

 

 

(to come)

Norbert Schumann, à droite, attire les badauds pour le spectacle de Poullot qui va montrer ses cerveaux. La plupart du temps il le faisait par la voix et le truchement de sa guitare électrique, ouvrant ainsi la porte aux recherches de Cynthia Fos-Tirssin sur la correspondance des musiques et des âges du cerveau.
Cliché Huguette Rudette

 

On peut dire que Poullot, par rapport à Sonia Virssin-Poitier avec son appareil à cidre, était un précurseur, un expérimentateur génial.
Certes ses notations manquent de précisions, et ses remarques, quelque peu techniques au premier abord ne manquent pas d'apparaître hautement fantaisistes à quelque lecteur attentif .
Mais on lui doit, dans une période peu encline aux révélations scientifiques concernant l'évolution de l'univers, le concept fondamental d'appartenance générale, c'est-à-dire cette idée que les différentes couches de notre cerveau, qui correspondent non seulement à des phases de l'histoire de la musique, mais aussi à des stades dans l'évolution biologique de l'homme, d'une part sont encore actifs, ils n'attendent qu'à être réveillés, et en plus sont en étroite corrélation avec les choses du monde naturel, pierres, nuages, herbe, pluie, avec qui ils partagent propriétés, (forme, capacité de transformation, d'assimilation). Par exemple, notre cerveau proto-amphibien, que l'on a partagé un temps avec les batraciens, est en étroite corrélation structurelle avec les musiques instrumentales de concert qui se sont pratiquées au cours du XVIII° siècle B.A. Il est, d'autre part, en relation avec les herbes, graminées et herbacées de la famille des onctuisachées, dont la floraison tardive s'explique par le vent violent qui souffle sur les hauts plateaux caucasiens où elles trouvent la terre chargée en sel qu'elles affectionnent. Les relations entre cette musique, le sel, ces herbes et les batraciens est un sujet fascinant que nous aborderons dès que nous en aurons le temps.

 

La conclusion qui s'impose, à savoir que les choses naturelles du monde possèdent (ou possédaient ?) elles aussi un cerveau, proto batracien, proto-sibaïque, reptilien, postérieur, ou tout autre n'a pas été tirée par Poullot. Il n'avait pas le bagage conceptuel qui lui permettait d'émettre ce type d'hypothèse, il faudra pour cela attendre Odile Tirssin de Pouatou, dite aussi Cynthia Fos-Tirssin, sœur de l'abbé Bennezon.